Le retour des bien-pensants

Publié le 20 Mai 2015

Lorsque, Bernanos écrivit en 1931 le célèbre pamphlet La Grande peur des bien-pensants, réquisitoire sévère contre la droite catholique et éloge géniale d’Edouard Drumont, la France était sous le joug de la gauche radicale depuis 1870. L’hégémonie de la gauche était totale, et la prétendue droite, que notre écrivain catholique ne tarda pas à revêtir du charmant substantif passé depuis à la postérité  de bien-pensant, brillait par son inexistence. Pendant soixante ans, la gauche ne rencontrant aucune résistance, allait s'atteler à son oeuvre de démolition de la nation. La droite? Elle s'illustrait par une inaction coupable, justifiant lamentablement son immobilisme par une place trop insignifiante à l’assemblée.

C’est cet immobilisme qui finira par pousser Bernanos à publier une critique virulente de cette droite républicaine. Le polémiste dressera, implacable, le portrait de cette droite inerte face au vote des lois scélérates de la gauche loi de séparation de l’église et de l’état, loi instaurant l’exil des rois, loi de 1936 contre les groupes patriotes , cette droite qui achèvera de trahir les Bourbons, par la légitimation du régime de Gambetta.

Bien que l’ouvrage a quelque peu vieilli, il mérite indiscutablement d’être relu; si ce n’est, déjà, pour ses qualités littéraires, au moins pour l’éclairage historique qu’il pourra apporter aux lecteurs biberonnés depuis des années au lait de l’histoire républicaine. En outre, il s'avérera pour le lecteur curieux, non familier avec cette période, un excellent guide pour comprendre certains aspects de notre époque.

Le livre décrit ainsi minutieusement de quelle manière, au début du vingtième siècle, la droite chrétienne se soumis totalement à une gauche laïcarde enragée. Par pusillanimité mais aussi par carriérisme , la droite accepta d'apporter son onction au nouveau régime républicain, mettant fin par là aux espoirs d'un retour au royalisme; hélas, cet acte lâche ne fut que le premier d'une longue série. En effet, dès ce moment-là, nul ne fit plus obstacle au parti de la subversion, nos soi-disants protecteurs du roi et de l'église se contentant de venir bêler occasionnellement dans l'arène parlementaire, agneaux cernés par les loups, suppliant ceux-ci de leur faire grâce de quelques instants les propos de Jaurès à ce sujet sont d'ailleurs fort éloquents. Pour les nationalistes, contemporains de cette droite, il fut difficile de comprendre cette trahison. Comment expliquer cette démission? Comment interpréter cet abandon des valeurs traditionnelles françaises? Ce reniement du combat national. Par l'argent. Pour des strapontins et quelques places, la nouvelle droite embourgeoisée préféra renoncer à la lutte, affectant durant les campagnes électorales de défendre avec acharnement la France, pour mieux se coucher ensuite.

Aujourd'hui, nos bien-pensants ont évolué : ils ne se présentent plus comme une droite bourgeoise catholique, ils préfèrent arborer le visage plus présentable d'une droite libérale-sécuritaire. Leur logiciel a changé : ils ont abandonné la défense de la soutane, pour la défense des mannes capitalistes le travail de déspiritualisation de la France étant achevé, il serait évidemment absurde de continuer à défendre l'église. Et puis, ils n'ont pas tout renié, ils ont conservé quelques reliquats de leur ancienne religion; ainsi, ils ont préservé leur esprit bourgeois, esprit de lucre qu'ils ont serti du joyau sécuritaire ce bijoux de rhétorique ayant la vertu, comme le fut en son temps le discours catholique, d'alimenter la besace électoraliste du bien-pensant.

Confrontés à ces nouveaux bien-pensants, les nationalistes, s'ils veulent enfin peser sur le destin du pays, ne doivent pas retomber dans les vieux errements. Ces errements nous les connaissons Bernanos nous les rappelle , ils consistent à se persuader que les bien-pensants agissent dans l'intérêt du pays, qu’ils ont à cœur la défense de la famille, l’amour de la patrie, le respect du Christ. Si nous n'y prenons garde, ces maîtres du verbe nous abuserons de nouveau. Usant de leur voix suave, ils nous séduiront, par des propos alliciants sur l’immigration; subjugueront, par des paroles flamboyantes sur la France renaissante; fascineront, par le chant puissant de la nation; et, finalement, trahirons. Ces discours hypocrites ne doivent plus faire illusion. Face aux sirènes de la bien-pensance, la doctrine nationaliste doit être le mât auquel se rattacher. Cessez d'écouter ces libéraux-sécuritaires, prétendus patriotes, qui n’ont fait qu’aggraver la situation!

Les élections présidentielles approchent maintenant à grand pas et l'occasion de revenir sous les ors de la république est trop belle, attendez vous donc  au retour des bien-pensants.

Etes-vous plus français que lui ?

Etes-vous plus français que lui ?

Rédigé par Charles Marchenoir

Publié dans #Textes

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